Nommer l’islamophobie, c’est défendre la République 

8 juillet 2025
Le député Benjamin Lucas-Lundy à la tribune lors de la séance publique du 1er juillet 2025 à l'Assemblée nationale.
- Motion de censure déposée par M. Vallaud et 65 députés (art. 49, al. 2, de la Constitution)

Depuis le début de l’année, les actes hostiles et violents à l’égard des musulmans ont augmenté de 75 % en France. Des femmes voilées sont insultées ou agressées, des mosquées sont vandalisées, des familles vivent dans la peur. Ces chiffres publiés par le ministère de l’Intérieur ne sont pas des abstractions : ils témoignent d’une violence croissante, ciblée, qui fracture notre société.

Face à cela, nous devrions être unis, déterminés à protéger tous nos compatriotes et à défendre l’égalité. Au lieu de cela, certains responsables politiques s’acharnent à refuser le mot « islamophobie ». En contestant le terme, ils détournent le débat, minimisent la gravité des faits et renoncent à saisir de front cette question.

Le terme « islamophobie » n’est pas un slogan militant, mais un outil pour dire la vérité. Il est reconnu par le Conseil de l’Europe, la CNCDH et de nombreux organismes internationaux. Il désigne non pas la critique d’un dogme religieux mais bien la haine, le rejet brutal des personnes musulmanes ou supposées telles.

En s’acharnant à discréditer ce mot, ces responsables fabriquent un faux débat. Leur posture n’a qu’un effet : invisibiliser les violences, affaiblir la lutte contre les discriminations et envoyer un signal terrible aux victimes : « Vous n’êtes pas vraiment légitimes à dénoncer ce que vous subissez. » Pire, en détournant l’attention, ils laissent la voie libre à ceux qui veulent faire de la haine un programme politique.

L’histoire nous enseigne que refuser de nommer un mal, c’est déjà commencer à l’accepter. Ceux qui prétendent défendre la laïcité en rejetant ce terme se trompent de combat. La laïcité protège la liberté de conscience ; elle ne saurait être l’alibi d’une chasse aux musulmans. La République est un projet d’émancipation et de protection pour toutes et tous.

Nommer l’islamophobie, c’est la première étape pour la combattre : c’est permettre aux victimes d’être entendues, aux agressions d’être comptabilisées, aux politiques publiques d’être adaptées. Sans mots, il n’y a pas de combat possible. Sans reconnaissance, il n’y a pas de réparation.

Il ne s’agit pas d’un caprice lexical ou d’une posture identitaire. Il s’agit de protéger la République contre ce qui la ronge : la stigmatisation, la haine de l’autre.

Nous devons être clairs : refuser le terme « islamophobie », c’est refuser de voir une réalité. C’est un renoncement grave, un abandon moral. Aujourd’hui, plus que jamais, il faut choisir : être du côté de la République protectrice ou du côté des faux débats qui minent notre cohésion.

Nommer l’islamophobie, c’est protéger celles et ceux qui, chaque jour, vivent sous la menace de la haine. C’est faire vivre l’universalisme républicain dans toute sa force : celui qui refuse que quiconque soit discriminé, humilié ou violenté pour ce qu’il est.

Nous voulons une République qui protège, pas une République qui détourne le regard. Il est temps de choisir la vérité, le courage et la dignité. Il est temps de nommer l’islamophobie pour mieux la faire reculer.

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