Nous sommes la génération politique dont notre histoire démocratique pourra retenir le pire ou le meilleur selon les choix que nous ferons dans les prochains mois. Soit nous serons complices passifs de l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite, soit nous serons l’un des instruments du grand sursaut qui empêchera cette bascule tragique. Le pire n’est pas écrit. Un projet d’espoir, de rupture avec le libéralisme et l’autoritarisme, peut l’emporter. Si nous sommes résolus à tourner la page du macronisme et faire advenir une nouvelle majorité populaire, sociale, écologique et républicaine.
Ce projet ne peut être tiède. Il doit assumer la radicalité des réponses à l’urgence sociale, écologique et démocratique. Il doit parler à celles et ceux qui ont le plus à perdre du prolongement de la politique menée ou de la mise en œuvre du programme du RN : les habitants des quartiers populaires, les victimes du racisme et des discriminations systémiques, les classes moyennes méprisées, les ouvriers et ouvrières, les commerçants précarisés, les agents du service public en perte de sens, les jeunes à qui la France telle qu’elle est impose de vivre moins bien que la génération de leurs parents.
Ce projet, nous ne l’inventerons pas à partir d’une page blanche. Il s’est matérialisé dans le programme du Nouveau Front populaire. Il doit désormais être enrichi, approfondi, musclé. Il nous faut une clause de mieux-disant : aucune régression par rapport à ce socle. Pas d’essoufflement, pas de dilution, pas de retour en arrière sur les ruptures qu’il engage — et qui sont vitales pour répondre aux urgences du quotidien des Français et relever les grands défis de l’avenir de la nation. Nous aurons d’ailleurs bien des chantiers à proposer pour construire ce futur désirable : le revenu universel d’existence, un contrôle démocratique d’une intelligence artificielle au service de l’intérêt général, une réorientation européenne au service des peuples, de la paix et de la bifurcation écologique, une démocratie économique et sociale approfondie, une révolution éducative pour l’égalité, un pacte républicain régénéré autour de l’obsession de l’égalité et de la fraternité…
Mais un projet sans unité, sans dynamique pour le porter au pouvoir est condamné à demeurer sur papier glacé et à ne rien changer de la vie de quiconque.
Pourtant nous voyons resurgir avec affliction une ligne politique funeste et fumeuse : celle des « deux gauches irréconciliables ». C’est une impasse. C’est un cadeau fait à l’extrême droite et un bon de survie offert à la macronie.
L’unité n’est pas un supplément d’âme. C’est la condition de la victoire. Elle suppose que nous acceptions de nous asseoir ensemble, sans préalable, sans volonté d’hégémonie, avec la conviction que rien ne sera possible sans un processus de rassemblement à la hauteur de l’histoire.
C’est pourquoi nous répondons avec espoir et responsabilité à l’initiative lancée par Lucie Castets en vue de la rencontre du 2 juillet. Ce moment peut marquer un tournant. Il peut être l’acte inaugural d’un nouveau chemin commun, d’un dialogue franc et exigeant, orienté vers une ambition : gagner. Nous avons su le faire en 2022 et en 2024, sous la pression citoyenne et avec esprit de responsabilité partagé par tous.
Gagner, c’est possible. Nous l’avons vu. L’élan né autour du Nouveau Front populaire, au cœur de l’été 2024, fut l’un des plus puissants que notre camp ait connus depuis longtemps. Dans les rues, dans les cortèges, dans les bureaux de vote, une énergie s’est levée. Partout des femmes et des hommes se sont relevés pour faire irruption dans un débat démocratique dont ils ont refusé les termes fixés par nos adversaires.
Cet élan, il faut l’entretenir. Il faut l’élargir. Il faut lui donner une perspective de victoire durable. Ne pas le trahir. Car il ne venait pas que des états-majors partisans : il venait du peuple de gauche et de l’écologie.
C’est pourquoi nous souhaitons qu’un processus démocratique, populaire, inclusif voie le jour. Une primaire nous semble le moyen le plus puissant de trancher, de mobiliser, de susciter un nouvel élan. Nous sommes prêts à discuter, en sincérité et sans faux-semblant, d’autres formes — à une condition : que ce processus soit massif, tourné vers la conquête, qu’il implique celles et ceux à qui appartient le Nouveau Front populaire, ses électeurs, et qu’il n’exclue aucune force, aucun collectif, aucun acteur qui a contribué à cette dynamique. Cessons de donner l’image d’une gauche qui se dispute autour de son nombril pour nous adresser aux Français et leur permettre de décider qui portera leurs espoirs de progrès en 2027.
Rien ne serait pire qu’un retour aux postures, aux jeux d’appareil ou aux exclusions déguisées. Nous devons faire ensemble, tout ensemble, pleinement.
Le 2 juillet, retrouvons-nous nombreux et nombreuses pour que cette union redevienne un horizon, une force, une promesse. Et surtout : une victoire.
L’union en entier, pas à moitié. Nous l’avons déjà fait. Cela s’est résumé en trois lettres qui éveillaient des millions de consciences : le NFP !