Madame, Monsieur,
Le gouvernement a fait le choix du passage en force sur la réforme des retraites qui vise à décaler l’âge légal de départ à 64 ans et qui accroît la précarité des retraités. Ce recours à l’article 49 alinéa 3 de notre Constitution nous a privé d’un vote sur le texte. C’est un déni de démocratie, une forfaiture. Je m’y oppose résolument, avec et pour vous. C’est la raison pour laquelle j’ai voté sans hésitation la motion de censure transpartisane lundi 20 mars dernier.
Le 19 juin 2022, vous m’avez élu député de notre circonscription. Depuis lors, je m’efforce de vous représenter à l’Assemblée nationale avec sincérité, sérieux et assiduité, dans le respect de nos institutions et des règles de la démocratie. Dans nos communes, je vous rencontre et cherche à porter au mieux vos colères et vos espoirs au Parlement, dans le souci de demeurer fidèle à mes engagements.
C’est en cohérence avec ces engagements, avec vos interpellations et mes valeurs, que j’ai mené sans relâche la bataille parlementaire contre la réforme des retraites. Je continuerai parce que cette réforme est injuste socialement et nous est imposée par un processus peu respectueux de nos principes démocratiques essentiels.
Cette réforme est injuste socialement.
Elle pénalisera durement celles et ceux qui ont commencé à travailler tôt, les femmes, les personnes exerçant des métiers pénibles.
Elle fragilise notre pacte social et nos principes de solidarités, notamment à l’égard des plus fragiles. Il est immoral de taxer les Français par un impôt sur la vie de deux ans fermes, pendant qu’une infime minorité de privilégiés accumule les richesses et s’accapare les ressources. C’est une question de justice et d’équité que de partager les richesses pour maintenir viable notre système par répartition. J’ai proposé de nombreuses autres pistes crédibles de financement du potentiel déficit des retraites.
Passer l’âge légal de la retraite à 64 ans, c’est augmenter les souffrances de ceux qui ont un métier pénible, c’est priver des millions de gens d’une retraite en bonne santé et c’est amputer nos associations, nos clubs sportifs, nos conseils municipaux, de jeunes retraités qui s’engagent pour les autres tant qu’ils en ont l’énergie.
Après deux années de pandémie, alors que sévit une inflation qui affecte durement le pouvoir d’achat, que la pauvreté augmente, que les services publics reculent, et que la jeunesse est persuadée qu’elle vivra moins bien que la génération de ses parents, je crois qu’il y a mieux à faire pour l’intérêt général que d’ajouter des inégalités, des injustices, des souffrances.
Cette réforme repose sur un déni de démocratie.
Je crois qu’on ne peut imposer au pays une réforme rejetée par une écrasante majorité de Françaises et de Français, par la totalité des organisations syndicales et qu’aucun organisme économique compétent ne recommande. Dans un climat de tension, la responsabilité de nos dirigeants est de convaincre, de rassembler, d’apaiser le pays. Pas de le brutaliser et le diviser ainsi.
En choisissant de surcroît le passage en force au Parlement, nous privant d’un vote à l’Assemblée nationale, le gouvernement lui retire toute forme de légitimité. A travers votre député bâillonné de la sorte, c’est vous qui êtes privés de voix et de choix sur cette réforme qui aura pourtant des conséquences désastreuses sur chacune de nos familles.
Notre système de retraites est le fruit d’un compromis historique entre gaullistes et communistes au lendemain de la seconde Guerre mondiale. Il est un héritage précieux pour chacun de nous, un patrimoine commun dans la République. On ne peut le maltraiter de la sorte, sans consentement populaire, sans dialogue social, sans vote du Parlement.
Pour faire entendre les voix du Mantois-Vexin qui s’élèvent contre cette réforme, je poursuivrai ce combat contre la retraite à 64 ans.
J’honorerai le mandat que vous m’avez confié en participant aux mobilisations citoyennes dans notre territoire, et en usant comme parlementaire de tous les outils constitutionnels possibles pour que nous n’ayons pas à subir cette réforme injuste et brutale. En conséquence, j’ai signé et voté la motion de censure, je dépose avec de nombreux collègues la demande d’organisation d’un Référendum d’initiative partagée (RIP) pour bloquer cette réforme, je saisis le Conseil constitutionnel pour dénoncer les irrégularités graves comprises dans le texte de loi.
Hier, aujourd’hui, demain, vous pouvez compter sur ma détermination et ma fidélité.
Benjamin LUCAS
Député des Yvelines