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La France généreuse et fraternelle n’a pas dit son dernier mot, préviennent dans une tribune à « l’Obs » cinq députés issus de toute la gauche qui appellent à la mobilisation citoyenne contre la loi immigration.
Le 4 décembre dernier, lors d’un meeting pour la fraternité, nous faisions cause commune, entre parlementaires et avec des représentants de la société engagée pour dénoncer les mensonges et absurdités qui entouraient le débat sur l’immigration et exprimer notre vision d’une société inclusive, accueillante, juste et fidèle à l’histoire de notre République. Nous nous inquiétions ensemble de l’absence de boussole de la majorité présidentielle, capable de donner son blanc seing au Sénat à la suppression de l’AME, de voter un texte dangereux et à bien des égards inconstitutionnel, et de tergiverser, louvoyer, et finalement brouiller les pistes en commission des lois à l’Assemblée nationale.
Quelques jours à peine après, malgré la lourde défaite subie par le gouvernement avec l’adoption de la motion de rejet contre son texte, le Président de la République choisissait de faire entrer par la fenêtre d’une commission mixte paritaire ce que nous avions fait sortir par la porte du Parlement souverain. La majorité présidentielle cédait en rase campagne aux obsessions de l’extrême droite sous la dictée d’une droite radicalisée.
« Victoire idéologique » revendiquée par Marine Le Pen, cette loi immigration foule au pied nos valeurs républicaines et grave dans le marbre des propositions qui vont renforcer les souffrances, la précarité, l’insécurité des exilés, et au final leur stigmatisation.
En s’alignant sur la droite dure et sur l’extrême droite, par orgueil du Président de la République, par calcul politicien et en épousant les termes et les thèmes de la famille Le Pen, le pouvoir a trahi le serment humaniste conclu avec les Françaises et les Français lorsqu’à deux reprises successives, le pays s’est refusé à l’extrême droite et a fait le choix du barrage républicain.
Sur nos épaules, à nous humanistes et républicains de gauche, repose désormais le poids d’une digue à reconstruire, d’une boussole à remettre au cœur de notre démocratie pour retrouver le chemin de notre devise Liberté Égalité Fraternité.
Le combat contre cette loi, contre ses dispositions les plus odieuses et contre l’offensive culturelle menée par les partisans de la division et de la haine de l’autre n’est pas terminé. Dès le 19 décembre, nous appelions au sursaut. Nous avons pris notre part en dénonçant le texte devant le Conseil constitutionnel et nous poursuivrons la bataille parlementaire à chaque occasion. Mais nous croyons que la mobilisation citoyenne est indispensable, tant pour faire vivre nos valeurs que pour démontrer que le pays n’est pas tout entier englouti dans un débat public qui ne serait matricé que par les fantasmes de l’extrême droite.
Nous nous réjouissons des initiatives qui ont été prises, par des personnalités de la société engagée, par des collectifs, des syndicats, des partis politiques, mais aussi des luttes de travailleuses et travailleurs sans papiers qui font entendre leurs revendications. Tant nationalement que localement, nous participerons et appuierons les dynamiques populaires qui montrent que la France généreuse et fraternelle n’a pas dit son dernier mot. Nous appelons nos concitoyennes et concitoyens à s’inscrire dans ce soulèvement démocratique pour la dignité et la fraternité, pour l’accueil digne et le respect des principes qui fondent depuis longtemps notre pacte républicain.